Elizabeth Chaudière, fondatrice d’EKIWORK, nous raconte son parcours et son lancement dans l’entrepreneuriat
“ Je m’appelle Elizabeth Chaudière, je suis la fondatrice d’EKIWORK. Cela a fait 3 ans maintenant que mon entreprise a été créé. La raison d’être d’EKIWORK est de sensibiliser le plus largement possible les personnes aux comportements sexistes au travail.
Avec EKIWORK, je cherche à faire passer un message à une audience nationale. Je pense qu’il est important de transmettre son savoir, car le sexisme est basé notamment sur beaucoup de méconnaissance sur les comportements, sur l’impact négatif d’une action ou d’une phrase pour les victimes.
En créant EKIWORK je voulais conserver l’humanité d’une interaction, mais aussi parler avec légèreté de sujets difficiles comme le sexisme du quotidien. ”
“ J’ai un parcours assez polyvalent. J’ai d’abord fait STAPS pour devenir prof de sport, ensuite j’ai fait sciences de l’éducation pour devenir institutrice, puis je suis rentrée en admission parallèle dans une école de commerce après avoir fait une fac de théâtre.
De manière simple, je suis devenue cheffe de projet informatique en sortant d’école de commerce. Simple car j’ai une personnalité carrée, organisée et très analytique qui s’accordait bien avec l’esprit des entreprises dans lesquelles j’ai travaillé. J’ai passé 10 ans dans de grosse boîtes comme Amadeus. ”
“ J’ai toujours été assez engagé, très tourné vers la justice. Pendant une période je me suis posée des questions sur mon avenir et les enfants. Je me suis dit que si je décidais de ne pas avoir d’enfants, je serais directrice d'hôtel, j’aurais une carrière de fou et je repartirais à l’étranger.
C’est comme ça que j’ai eu un déclic. J’étais persuadé que je ne pouvais pas à la fois faire carrière et faire des enfants, et j’ai senti que quelque chose clochait. À cette époque, j’ai lu King Kong Théorie, de Virginie Despentes, qui critique le rapport hommes-femmes dans notre société. Le livre m’a subjugué. C’est de là qu’est né mon intérêt pour le sexisme, ou en tout cas ma capacité à mettre des mots sur les inégalités qui nous entourent.
En me rendant compte du sexisme qui m’entourait, je me suis informée en lisant, en allant à des conférences et ainsi me former en autodidacte au sujet des violences sexistes et sexuelles au travail et ailleurs.
Après une participation en 2017 à un hackathon organisé par le ministère des Droits des femmes où nous avons proposé des façons innovantes, ludiques, interactives de sensibiliser à ces polémiques, j’ai monté ma boîte avec le soutien de mon ancienne entreprise ! ”
“ J’ai remarqué que les retours pour les hommes étaient beaucoup plus positifs que pour les femmes. J’ai énormément confiance en moi, et pourtant j’ai ressenti ce syndrome de l’imposteur•e, surtout en tant que femme. Les valeurs d’un entrepreneur sont le leadership, prendre des décisions difficiles, être tenace, être endurant, qui sont des choses qualifiées de “masculines”.
Une autre difficulté est le réseau. Aujourd’hui ce qui fait la différence entre deux entrepreneur•e•s, c’est son réseau et mobiliser les personnes qui t’entourent pour faire ta promotion. J’ai le sentiment que le réseau masculin est bien plus fort que celui des femmes, car nous avons tendance à peu nous entraider entre femmes. Même en m’étant fait un réseau, je me surprends encore aujourd’hui à vouloir faire mes preuves alors que je m’y connais bien mieux sur le sujet.
J’ai été éduqué à penser que le retour d’un homme est bien plus important qu’une femme. Même en étant consciente de ça, je ne peux pas m’en départir. Dans le cas du syndrome de la ligue 2, les femmes se battent pour avoir la position de la seule femme en ligue 1, plutôt que destituer un des hommes de ligue 1. C’est fou !
On se base sur la survie, car on peut être en situation de précarité et donc avoir moins de façon de rebondir. L’insécurité crée aussi ce phénomène. Sachant que devenir entrepreneuse pour certaines est une question de facilité pour s’occuper de leur famille sans les horaires traditionnels de travail ou le trajet. ”
“ Je suis très sensible aux mots et à leur sens. Le sexisme du quotidien est quelque chose qui me parle vraiment. Je l’ai entendu autour de moi, parfois j’en ai été la cible, et ces remarque de “notation” et de “validation” de l’autre sexe me paraissent dures. Les blagues à caractère sexuel, souvent faites par des personnes hauts placés, sont aussi pour moi une source de malaise. ”
“ J’ai fait partie de la promotion 2019 d’EMPOWHER avec une sororité forte. En faisant partie d’un petit réseau, tu as la chance d’avoir un réseau soudé, mais aussi de plus grande chance d’être précaire par rapport à des réseaux comme Femmes Business Angels qui se concentre surtout sur les collectes de fonds.
J’ai un gros soutien psychologique de ce réseau, une certaine humanité que je n’arrivais pas à trouver autrepart. On se voit mensuellement pour parler de notre évolution, pour s’entraider et trouver des solutions pour avancer.
J’ai aussi le soutien de BGE PARIF et Omnicité qui m’accompagne pour évoluer financièrement et devenir indépendante. Ils ne m’aident pas pour développer mon activité, mais ils me donnent les outils pour m’en sortir. ”
“ Si c’est quelqu’un qui vend des produits ou des services aux entreprises, je lui dirai deux choses. Tout d’abord ne pas attendre pour aller voir un client, tester son offre, et voire ce qui a et n’a pas fonctionné. Puis faire en sorte que plus de la moitié de son temps est dédié au commercial, que ce soit toi ou quelqu’un d’autre. Si une entrepreneure ne s’occupe pas de faire son site, commenter sur les réseaux, aller vers le client, ça ne sert à rien.
Il faut aussi avoir en tête que l’entrepreneuriat n’est pas une course de vitesse, mais plutôt un marathon. J’ai fait l’erreur en commençant à travailler pour EKIWORK de ne pas prendre de vacances alors que je n’avais pas encore de production et peu de clients. C’est essentiel d’organiser son temps et de trouver un rythme qui est propre à soi-même. Une entrepreneure devrait se donner quelques semaines pour tester ce qu’elle veut faire. ”
“ Avec la pandémie, le futur est assez flou. Il y a beaucoup d’incertitude, mais j’ai l’impression d’être “protégée” car les formations sont un budget sanctuarisé. Crise ou pas crise, l’argent est de côté. Bien sûr il y a une question de priorisation : les formations sur la gestion de crise auront tendance à passer avant les nôtres.
Je reste positive et je suis persuadée que tant qu’on vend nos produits il n’y a pas de raison qu’on fasse faillite. Les aléas de la vie ont fait que notre croissance aurait pu se faire pile durant la crise. Pour s’extirper de ça nous avons travaillé sur de nouvelles formations à proposer comme un challenge digital pour sensibiliser plus de personnes sur une faible durée. ”
Cela fait un an que nous travaillons avec Elizabeth. Elle a fait appel à nous pour plusieurs raisons. Tout d'abord, nous avons réalisé son logo et sa charte graphique. Nous avons créé son site internet qui a pu évoluer au rythme des évolutions de son entreprise. Enfin, nous nous occupons des publications sur tous ses réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter et Linkedin) et d’une partie de son budget publicité. Nous sommes très fiers d’apporter notre petite touche PIKO PIKO pour rendre visible son projet.
Cet article est aussi l’occasion de la remercier, elle et tous nos client·e·s fidèles qui ne cessent de nous recommander à de nouveaux client·e·s pour promouvoir d’autres supers projets !
Merci à elles et eux ! Merci à vous qui nous avez suivi durant cette série de 5 articles sur l’entrepreneuriat féminin !